Les moulins

A eau, bien sûr car rivières et ruisseaux abondent en Auvergne ! Cependant, même si les moulins hydrauliques remontent à la plus haute antiquité (les premiers datent de 50 av JC environ), leur développement a été beaucoup plus tardif. Les romains et les grecs préféraient en effet utiliser une main d’œuvre dont ils disposaient gratuitement : les esclaves. Ce n’est qu’au Moyen Age, à partir du Xe siècle, que sera progressivement abandonné le moulin à bras au bénéfice du moulin à eau.

Bien que moins capricieux que son cousin à vent, le moulin hydraulique présentait tout de même quelques inconvénients : le débit d’une rivière n’étant pas régulier, des inondations et des gelés pouvaient paralyser le dispositif. Des canaux de dérivation furent alors mis au point pour permettre de réguler le flux de l’eau. On estime qu’une seule meule faisait le travail de 40 hommes ! Entre le Xe et le XIIIe siècle, les moulins se multiplièrent sur les rivières françaises, on en compta en moyenne un pour 300 habitants.

La construction et l’entretien d’un moulin étaient une dépense que seuls les seigneurs et certains monastères pouvaient entreprendre. S’appliquait alors, comme pour les fours et les pressoirs, le système de la « banalité ». Le droit de « ban » faisait obligation à toute personne vivant sur le fief d’utiliser exclusivement le moulin contre paiement d’une redevance (souvent en nature) reversée au seigneur et au meunier.
Celui-ci, outre les droits qu’il prélevait sur chaque mouture, recevait du seigneur des terres qu’il pouvait cultiver pour son propre compte. Il devait, en contrepartie, entretenir le moulin, les canaux de dérivation et les meules. C’était un travail extrêmement contraignant et pénible.
Le nombre de moulins commença à décliner à partir du XIXe siècle. Les derniers encore en fonction ne survécurent pas à la révolution industrielle, aux minoteries et à la première guerre mondiale. Alphonse Daudet le déplorait en son temps : « Que voulez-vous, monsieur !… tout a une fin en ce monde, et il faut croire que le temps des moulins était passé comme celui des coches sur le Rhône, des parlements et des jaquettes à grandes fleurs. »

A Saint-Illide, le nombre de moulins a pu dépasser cinq ou six (ce qui est à peu près conforme à la moyenne nationale). Outre ceux dont l'existence est avérée par des vestiges ou des témoignages et dont nous parlerons plus bas, certains ont totalement disparu sans laisser de trace ni physique ni dans les mémoires des miraliers. Ainsi un texte de 1459 évoque-t-il un mystérieux moulin de l’Estang situé sur un ruisseau du même nom ... Plus près de nous, Deribier dans son dictionnaire de 1852, indique la présence d'un moulin à Vergnes et Emile Amé en signale un autre (détruit, il est vrai) à Gounoulès dans son "Dictionnaire Topographique du Cantal" paru en 1897.

Les cinq moulins dont l’existence est attestée sur une longue période sont :

Le moulin de Darnis ou d'Encazes

Le moulin de Barriac

Le moulin de Carmonte

Le moulin de Caussin

Le moulin de Puech-Mège

Les deux premiers, les plus anciens, disparaîtront entre 1894 et 1900, le second entre 1920 et 1924. Le moulin de Caussin est encore mentionné après 1924. Quant au moulin de Puech-Mège, il connaîtra un destin particulier que nous vous laissons découvrir …

Une précision importante : La France des moulins est divisée en deux grandes zones correspondant grossièrement aux zones linguistiques de langue d’oïl et de langue d’oc. Au nord, règne en maître le moulin à roue verticale , le sud (et donc le Cantal) étant le domaine quasi exclusif de la roue horizontale au mécanisme presque invisible puisque situé sous le bâtiment. Il existe toutefois des exceptions comme les moulins de la Passoune ou de Vals, proches de Saint-Illide et dont la roue est verticale.

Roue horizontale
le moulin de la Passoune et sa roue verticale.