Une longue histoire

L'église romane de St Illide date du début du XIIème siècle, plus probablement de la fin du XIème siècle. C'est, à sa fondation, la chapelle du Prieuré créé par l'Abbaye St Géraud d'Aurillac qui deviendra plus tard l'église paroissiale.
 
Avant de décrire l'architecture et le mobilier de notre église, il est nécessaire d'en rappeler l'histoire, et ceci pour deux raisons :
L'église de St Illide, comme toutes les églises romanes, a connu beaucoup d'accidents et de transformations, volontaires ou subies, au cours des siècles. Ces modifications qu'elle révèle au visiteur, accumulées au cours des temps, avec parfois une apparence de désordre, ne trouvent leur explication qu'à travers son histoire tout au long d'un millénaire ou presque d'existence.
 
L'histoire de l'église de St Illide se confond avec notre histoire, celle de nos ancêtres dont elle était le témoin, le refuge parfois et, en même temps, une référence essentielle de leur vie quotidienne et de tous les événements qui marquaient la vie de la communauté.
 
Que se passait-il voici près de mille ans dans ce canton inconnu de la Haute Auvergne qui avait appartenu à la province romaine d'Aquitaine, entre montagnes et plateaux limousins ?
On sait par les écrits de l'époque et les recherches contemporaines que l'endroit est couvert de forêts, avec quelques parcelles défrichées, fort peu peuplé, contrairement au bassin d'Aurillac plus riche et développé.
La France (au sens actuel) compte moins de10 millions d'habitants, soit sept fois moins qu'aujourd'hui.
 
Comment vivent nos ancêtres de la fin du XIème siècle ? Fort mal, à nos yeux...
90 % d'entre eux sont paysans et beaucoup sont soumis au servage. La terre appartient au seigneur et le tenancier ne peut ni la quitter, ni la vendre ni la léguer. De plus, il doit à son seigneur diverses taxes et corvées et ne peut se marier sans sa permission.
Ce statut disparaîtra peu à peu deux ou trois siècles plus tard, les serfs achetant leur franchise, mais ne sera aboli qu'en 1779...
 
Ces descendants des Celtes qui ont bien assimilé la culture romaine sont peu à peu christianisés depuis le IIIème siècle.
Au XIème siècle, l'Eglise est présente partout en Haute Auvergne et constitue souvent le seul recours pour nos ancêtres qui vivent dans la hantise de la famine lorsque leurs récoltes sont menacées de gel ou de sécheresse ; récoltes d'ailleurs bien maigres car le rendement des semis est estimé à environ 3 grains récoltés pour 1 semé, ce qui peut tout juste assurer la subsistance de la famille et la semence de l'année suivante.
 
L'affaiblissement du pouvoir royal et des grands seigneurs profitent aux petits chefs locaux dont les châteaux servent davantage de repaires d'injustice et de violence que de lieux de protection et de sécurité.
Les pillages, les incendies sont le lot fréquent de cette époque anarchique et seule l'Eglise comprend et répond à l'inquiétude de la population avide de justice et de paix.
 
Rapidement, la campagne se couvre de lieux de culte.
A St Illide, le Prieuré est créé par l'Abbaye St Géraud qui essaime aussi dans tout le secteur. Ainsi trouve t-on trace de prieurés bénédictins à St Martin Cantalès, St Christophe les Gorges, St Santin Cantalès, Jussac, Tournemire, etc.
Ces petits monastères, sans doute de 10 à 20 moines, dirigés par un prieur désigné par l'abbé de St Géraud, accordent leur protection aux populations rurales, sont chargés d'apporter leur savoir-faire et de changer les modes de culture, en même temps qu'ils ravitaillent l'abbaye-mère.
 
Sans doute n'y avait-il pas de village à la fondation du Prieuré de St Illide, tout juste quelques habitations dispersées et c'est peu à peu qu'un bourg se constituera autour du monastère implanté dans ce lieu isolé.
En porte témoignage le nom même du village, St Illide, nom d'un évêque d'Auvergne au IVème siècle qui, selon les chroniques, n'est certainement jamais venu dans ce secteur et qui n'a laissé aucune trace dans ce bourg qui reprendra simplement le patronyme choisi pour le Prieuré.
C'était en effet, l'habitude des Bénédictins de vouer les nouveaux prieurés à un saint, ici un saint local,  comme ils l'ont fait aussi à St Martin, St Christophe, St Santin et ailleurs.
 
Le long épisode de la guerre de Cent ans vient ruiner le pays avec les exactions et l'occupation anglaise que le curé Bouissou comparera beaucoup plus tard à celle de l'Allemagne lors de la guerre de 1870...
L'évêque de St Flour, au début du XV ème siècle, ayant ordonné de restaurer toutes les églises ruinées ou endommagées de son diocèse, celle de St Illide décide de s'orner de deux chapelles latérales formant une croix avec la nef.


Une ère de relative stabilité s'installe jusqu'au XVIème siècle. Les terres sont défrichées, la misère est moins grande et l'Eglise contient l'arbitraire des seigneurs. A St Illide, le prieuré tient tête aux seigneurs locaux et le bourg se développe autour du monastère.
 
Mais les comportements de l'Eglise se dégradent et la pratique religieuse s'en ressent.
A St Illide, très vite, le prieur est systématiquement un aristocrate, des lignées familiales tiennent l'emploi, depuis les Lassalle au XVème siècle, les Caissac au XVIème puis les Lavalette aux XVIIème et XVIIIème siècles. Ces privilèges nobiliaires passent mal, de même que les arrangements financiers devenus prioritaires pour le clergé. Les prieurs "commendataires" ne résident pas à St Illide et perçoivent seulement les revenus du Prieuré.
De tout jeunes moines, voire des enfants, sont nommés à la charge.
 
Ces abus, généralisés dans tout le royaume et au delà, marquent l'usure de la spiritualité catholique et expliquent l'essor rapide de la religion réformée, le protestantisme.
 
Ce mouvement affecte peu le Cantal, sauf la région ouest, notamment à Glénat, Laroquebrou, Pleaux où les nobles sont les premiers convertis.
A St Illide, à notre connaissance, le protestantisme n'est certes pas ignoré mais aurait eu peu ou pas d'emprise sur la population. De même, il semble assuré que l'église et le village n'ont pas été occupés ou saccagés par les Huguenots (protestants), comme l'ont été l'abbatiale St Géraud et la ville d'Aurillac au XVIème siècle.
 
Rome prend conscience du danger qui menace de détruire l'Eglise. Elle réagit en attaquant vigoureusement le protestantisme et en se réformant elle même profondément : le dogme est mieux défini, les séminaires sont créés pour la formation du clergé, l'ordination avant 25 ans est interdite, les abus les plus criants sont supprimés.
 
Avant tout, pour ce qui nous intéresse ici, l'Eglise s'attache à reconquérir les populations par un bouleversement de l'art religieux. Par opposition au style roman, jugé trop sobre et rigoureux, on recherche désormais l'image, la couleur et l'effet théâtral. Les lieux de culte doivent être grands, colorés, attirants, impressionnants.
 
Dans ce mouvement appelé la Contre-Réforme, l'église de St Illide est agrandie à la fin du XVI ème siècle, d'une chapelle latérale au Sud, à l'intérieur du choeur délimité par l'arc triomphal qui en marque l'entrée.
Un peu plus tard, au XVII ème siècle, une chapelle est construite en vis à vis, dans la partie Nord du choeur.
L'ensemble des quatre chapelles, en comprenant celles réalisées au XV ème, épaissit harmonieusement la branche horizontale de la croix.
 
L'église du XIème siècle qui avait la forme d'un rectangle parfait, à l'image de la "cella" (temple) romaine, se métamorphose donc au début du XVIIème siècle en croix latine, plus dans le goût du temps. Apparaissent aussi des peintures murales et tout un ensemble de tableaux, statues, tentures et décorations complété par un retable doré, dans le style baroque, avec colonnes torsadées, pots à feu, dieu en majesté, angelots, etc, occupant toute la largeur du chœur.
En 1707, une tribune est construite au fond de la nef, plus importante que celle visible aujourd'hui.
Peut-être installe-t-on aussi entre la nef et le chœur, sur toute la largeur, fixée sur les larges tailloirs de l'arc triomphal, une "poutre de gloire" peinte et sculptée, supportant un grand crucifix, pour l'édification des fidèles (ci-contre, la poutre de gloire d'une église bretonne).
 
Ainsi se présente notre église à la fin du XVIIème siècle, plus grande et abondamment décorée, sinon somptueuse.
 
Au début du XVIIIème siècle, un document rend compte de cette richesse décorative.
En 1722, poursuivi en justice pour dépenses excessives par les "consuls" de St Illide (magistrats municipaux qui règlent les questions financières), le curé Bru présente un mémoire justifiant ses débours pour l'église de 1706 à 1720 et mentionne des mobiliers, peintures et statues aujourd'hui disparus.
 
Ainsi est-il question "des dorures des figures de St Côme et de St Damien" et des deux récentes chapelles vouées, l'une à ces deux saints, l'autre à St Michel. Le curé Bru cite également "quatre cadres d'autel, une figure de la Vierge avec un crucifix, le tableau du grand autel plus deux petits tableaux pour le même autel et un retable figuré du même peintre, à savoir le sieur Fabry ( peintre aurillacois assez célèbre)"
 
Rien ne subsiste de cet ensemble, pas même l'actuel tableau central du maître autel, qui date du XIXème siècle.
Mentionnons encore, issues de ce mémoire, des références à la tribune qui aurait été construite en 1707, à un gradin neuf, à la dorure du tabernacle, à "l'accommodement des vitres" de la récente sacristie, à la couverture de l'église,etc.
Et encore ne s'agit-il là que des aménagements et acquisitions du curé Bru sur moins de vingt ans...
 
Un drame se produit la même année, le 7 juin 1722 à 9 h du matin : La foudre tombe sur le clocher et celui-ci s'effondre, crevant la voûte de l'autel de St  Jean. Bilan : quatre morts, Pierre Chapsal, Marie Cinqualbres, Magdeleine et Hélis Darnix. Ce jour-là, le "sieur curé (l'abbé Bru) avec deux prêtres de la communauté d'Aurillac et un de la communauté de St Illide étaient en procession à N. D. du Château avec une partie des habitants."
Grâce au ciel, "tous les morts avaient heureusement confessé et communié le 4 juin, jour de St Illide où il y avait indulgence plénière et même l'extrême onction quelque moment avant de mourir;"
Observons que ce compte -rendu souligne les liens encore étroits entre le Prieuré de St Illide et l'abbaye St Géraud d'Aurillac.
 
Ce beau zèle chrétien va brutalement prendre fin avec la Révolution qui, à St Illide, comme ailleurs, marque une rupture profonde dans tous les domaines de la vie collective et des comportements.
Les Miraliers acceptent assez bien les nouvelles idées du temps, même s'ils restent mesurés.
Conduits par leur curé, Jean-Baptiste Darnis, prêtre "jureur", ils demeurent assez largement fidèles au christianisme.
On sait aussi qu'ils acceptent volontiers que l'église soit transformée en Maison Commune où l'assemblée des habitants est informée des contraintes nouvelles et, plus rarement, participe aux décisions.
Sans doute, trouvent-ils baroques et ennuyeux la lecture obligatoire chaque décadi, des décrets de la Convention et le culte de l'Être Suprême dans le "Temple de la Raison", mais ils s'en accommodent si leur liberté n'est pas trop malmenée...
 
Sur l'attitude des Miraliers durant cette période de 10 ans, lire les nombreux articles qui y sont consacrés sur ce site (chapitre XVIIIème siècle).
 
Et l'église paroissiale ?
 
Quelques certitudes et des probabilités.
 
Parmi les certitudes, la disparition de tous les tableaux, statues et décorations relevés en 1720 par le curé Bru et, très probablement, de tous les autres signes extérieurs de piété.
Sont également confisquées trois des cinq cloches. Ne subsistent qu'une seule cloche outre celle qui sonne les heures de "l'horloge civique".
Ont disparu, comme dans toutes les églises, les confessionnaux, suppôts intolérables de la conspiration réactionnaire et la poutre de gloire installée entre la nef et le chœur.
 
Sans doute, les signes les plus visibles, crucifix, statues de la Vierge et des saints, ont-ils été enlevés, peut-être entreposés, dès le début de la Révolution en 1789 ou 1790, mais l'essentiel des vols et saccages est imputable à l'action de force accomplie en mars 1792 par la troupe des révolutionnaires menée par Jean Baptiste Milhaud.
Cette bande armée, en provenance d'Aurillac et surtout d'Arpajon mais aussi de St Santin-Cantalès, s'en est pris à toutes les communes du district d'Aurillac, surtout à celles dont le zèle révolutionnaire s'était attiédi...
Le 19 mars, la troupe, forte de 2.400 hommes armés de fusils à baïonnette, de pistolets, de sabres et de piques, saccage l'église de Montsalvy puis enfonce les portes de toutes les maisons du bourg et volent provisions, vaisselle, argent et meubles...
A St Illide, sans doute moins suspecte, seule l'église a été profanée, les symboles religieux détruits, les linges, vases et objets du culte volés ou brisés dans la sacristie.
Les maisons du bourg ont dû être épargnées, sinon le conseil municipal aurait protesté, comme à Montsalvy. Or, les délibérations à St Illide sont muettes sur ce point.
 
A noter que Jean Baptiste Milhaud (voir portrait ci-contre), organisateur et meneur de ces expéditions auxquelles participait le sinistre Conventionnel Carrier (celui des noyades de Nantes), deviendra quelques mois plus tard député du Cantal, puis brillant et valeureux officier de Napoléon qui le nommera général puis comte d'Empire avant qu'il ne se rallie en 1815 à Louis XVIII...
Et les probabilités ?
 
Deux principales : D'abord, que sont devenues les nombreuses sépultures installées dans l'église, dans la nef ou dans les chapelles latérales ou encore sous le maître autel où, quelques décennies plus tôt, en 1754, avait été inhumé le dernier représentant de la famille de Barriac ?
Cette noble famille, à un moindre titre les seigneurs de Labontat, les curés de la paroisse, les prieurs et sans doute d'autres notabilités, pouvaient prétendre ou étaient admis à l'inhumation à l'intérieur de l'église, privilège envié car il assurait une plus grande proximité avec Dieu et ses saints, donc de meilleures chances de salut.
 
Le dallage de l'église actuelle ne porte aucune trace de pierre tombale : aucune croix ni inscription funéraire à la seule exception d'une pierre tombale utilisée comme matériau de construction de la chapelle Nord au milieu du XIX ème siècle.
 
Sans doute, faut-il provisoirement en conclure que ces sépultures ont été profanées, les pierres tombales détruites étant remplacées par le dallage actuel.
 
Une autre incertitude est relative au retable. Celui que nous connaissons était-il là avant la Révolution ? Si oui, il est impossible que les statues des saints et le Dieu en majesté qui le coiffe n'aient pas été enlevés. Les révolutionnaires ne pouvaient certainement pas accepter le maintien de tels symboles de la religion.
Ainsi "purgé", le retable constituait un fonds de décor remarquable, rehaussant le cadre et le prestige de la Maison commune, compatible aussi avec la transformation de l'église en Temple de la Raison.
La vraie question est de savoir si, en mars 1792, les arpajonnais ont accepté ou au contraire saccagé le retable. S'ils l'ont détruit, celui d'aujourd'hui daterait du XIXème siècle, en remplacement de l'ancien.
Nous verrons que nos deux hypothèses se conjuguent car il y aurait eu successivement deux retables.
 
 
Les secousses révolutionnaires ont été violentes mais brèves et la religion catholique est, dès 1801, rétablie dans ses droits par Bonaparte.
Entre la fin de l'ancien régime et le début du XIXème siècle, la population de St Illide a beaucoup progressé. Elle atteindra quelques années plus tard, en 1824, son point culminant avec près de 1.900 habitants, soit presque le triple d'aujourd'hui.
L'église, à nouveau fréquentée assidûment, est déjà trop petite malgré la grande tribune de 1707.
Sans tarder, on décide de construire en extension sur les deux dernières travées de la nef, deux nouvelles chapelles sur l'aile Sud, dans le prolongement de celles réalisées au XV ème et XVI ème siècles. C'est chose faite en 1806..
De plus, il est probable, selon les remarques faites par l'évêque de St Flour en 1840, qu'une troisième chapelle soit construite à la même époque, sur la deuxième travée Nord, dans le prolongement des deux chapelles existant depuis le XVIIème siècle.
 
l faut imaginer que toutes ces chapelles installées de part et d'autre du choeur, sont distinctes matériellement de la nef et séparées entre elles, sans qu'on sache où étaient dressés les autels, parallèlement ou en perpendiculaire du maître autel.
C'est plus tard, sans doute à la fin du XIXème siècle que les séparations entre les chapelles et entre celles-ci et la nef seront supprimées pour créer un grand espace, c'est-à-dire une église à trois nefs comme elle apparaît actuellement.
 
L'histoire de l'architecture de l'église de St Illide pourrait s'arrêter là.
Mais un évêque va provoquer une nouvelle et importante étape.
 
Mgr Frédéric de Marguerye (voir portrait ci-contre) est nommé au siège épiscopal de St Flour en 1837. Il y restera jusqu'en 1852, année où le Pape le nomme au siège d'Autun.
Ce prélat est un passionné d'architecture et d'archéologie religieuse et il s'emploie à visiter toutes les églises de son diocèse.
Il passera à St Illide le 22 mai 1840, venant de St Santin-Cantalès, avant de visiter le même jour l'église de St Cirgues de Malbert...
Compétent et ne doutant guère de la qualité de ses appréciations qui sont d'ailleurs dans le goût de l'époque, il est respecté du clergé et des autorités civiles. De fait, ses décisions ou recommandations sont rarement contestées.
 
Quel est donc le goût de l'époque, si bien défendu par Mgr de Marguerye ?
 
On redécouvre, depuis 1830, le génie médiéval et le style roman, hautement apprécié pour sa simplicité et sa pureté, supposées plus proches de l'esprit profond du christianisme.
Dès lors, on rejette les décors classiques ou baroques, trop ostentatoires, les dorures et retables et tout ce que la Renaissance et les âges classiques ont pu produire.
 
Sur les retables, l'évêque est formel : ils doivent disparaître lorsqu'ils masquent une abside arrondie. Quand le chœur se termine par un mur droit comme à St Illide, le retable est toléré, s'il est adapté au bâtiment en ne camouflant pas les éléments typiques d'architecture.
Dans notre église, c'est notre chance, Mgr de Marguerye ne prononcera pas de condamnation et le retable sera maintenu.
Aussi, comment imaginer que le retable soit du XIXème siècle, même après le départ du prélat ? L'aurait-il été avant son arrivée, au début du siècle, que le Conseil Municipal, au moins le Conseil de Fabrique pour son financement, en auraient parlé. Or, les délibérations sont muettes.
Il faut donc en conclure que le retable est du XVIIème ou XVIIIème siècle, ce que son examen visuel devra nous confirmer. 
 
L'évêque demande qu'un badigeon soit passé sur les murs en moellons, jamais sur les pierres ou les parties sculptées. Il est permis de penser qu'il a raison, les pierres de taille ayant une beauté intrinsèque qui n'a pas à être augmentée par un apprêt supplémentaire.
Sur ce point, Mgr de Marguerye n' a pas été entendu et les piliers et colonnes à chapiteaux, par exemple, sont toujours enduits, ce qui masque la pierre et, peut-être, les sculptures ou des traces sur les chapiteaux eux mêmes.
 
Pour des raisons de visibilité de l'autel, l'évêque proscrit les poutres de gloire, a fortiori si elles supportent un grand crucifix. Dans sa visite à St Illide du 22 mai 1840, rien n'est dit à ce sujet.
En revanche, il demande la suppression de "la mauvaise tribune" de 1707 qui sera cependant remplacée, sans doute au début du XXème siècle, par une tribune plus étroite, donc moins encombrante.
Ces tribunes étaient rarement appréciées du clergé local, sauf comme pis-aller pour augmenter à moindre coût la capacité d'accueil de l'église.
Le curé de Peyrusse écrit à ce propos en janvier1841 que les jeunes se retrouvent à la tribune " pour lutter, faire des disputes, se livrer à mille singeries, cracher ou jeter toutes sortes de saletés sur les personnes du sexe, causer, en un mot, mille troubles qui souvent ont interrompu la célébration."
 
L'évêque estime que la voûte de l'église de St Illide "manque de jour" et propose de "l'éclairer par un oeil de bœuf au fond de l'église, au dessus de la porte", ce qui sera fait sans trop se soucier de l'atteinte ainsi portée à l'église romane primitive.
 
Mgr de Marguerye prescrit encore la construction "d'une chapelle à gauche en entrant. Là seront mieux placés les fonts baptismaux", ce qui sera fait dans les années suivantes et l'église prend sa forme actuelle avec les fonts baptismaux installés conformément au vœu de l'évêque dans la dernière travée de l'aile Nord.
 
Enfin, le prélat observe que " les deux chapelles du bas, celles à gauche du chœur, sont lambrissées dans un mauvais goût. On devrait les voûter plus tard".
Ceci signifie qu'hormis une chapelle voûtée au Nord, dans le chœur, les deux autres chapelles qui la prolongent, y compris celle construite en 1806 sont lambrissées, comme le sont les bâtiments civils et l'évêque n'aime pas qu'un édifice religieux puisse être confondu si peu que ce soit, avec une construction laïque.
Même si le voûtement est beaucoup plus coûteux que le plafond plat, la volonté épiscopale sera respectée et toutes les chapelles Nord sont voûtés dans le style néo-ogival, on verra plus loin par quel procédé.
 
Le long chemin à travers les siècles s'achève.
L'église est désormais telle que nous la voyons, le XXème siècle n'ayant apporté que des transformations mineures, souvent pas très heureuses.
 
Le lecteur aura compris que plusieurs hypothèses sont insuffisamment étayées faute de sources. A lui de participer à une meilleure connaissance de notre église par ses réflexions ou des éléments qu'il détiendrait, encore inconnus sur ce site.