Le château de La Bontat

Des trois châteaux de la commune, celui de La Bontat est le plus présent dans les esprits miraliers. N’est-ce pas lui qui a subsisté le plus longtemps et dont plus d’un Ancien garde encore un souvenir très précis ?

Ce château était le fief d’une très ancienne famille auvergnate, la famille de Pralat ou du Prallat, seigneurs de Bassignac , de Perle, de La Bontat, de Bélestat, de la Calmette , de Poul, de Gorces, Saint-Victor et Saint Christophe, élections d’Aurillac et Mauriac.
Le berceau de la famille est probablement le hameau de Prallat près de Saint-Cernin.
La maison de Pralat est connue depuis Jacques de Pralat, seigneur de Poul (paroisse d’Arnac) en 1329. Cette famille fit alliance avec la maison d’Albars en 1553 et le dernier du nom, Jean de Pralat (mort en 1604) fit alliance avec la famille limousine Peyrat de Jugeals de Veilhan qui devint alors propriétaire du domaine de Labontat jusqu'à la Révolution.

Le blason de la famille du Prallat : d'argent au chevron de gueules, accompagné de trois étoiles d'azur.
Le blason de la famille Peyrat de Jugeals de Veilhan : d'azur à la fasce d'or, accompagné de trois étoiles d'argent.

Malgré la mésaventure relatée dans notre article « la Grande Peur à La Bontat », les Peyrat de Jugeals de Veilhan n'émigrèrent pas et le château, contrairement au domaine de Barriac, ne fut jamais vendu comme bien national.
Pauline (une des cinq filles de Jean-François), dernière représentante de la famille épousa, en 1804, Georges del Peyrou de Bar, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, ancien page de Louis XVI et qui avait connu l'émigration. Les del Peyrou de Bar furent les derniers à porter le titre de seigneurs de La Bontat.

Le blason de la famille del Peyrou de Bar : de gueules à la bande d’or, au chef d’azur chargé de trois étoiles d’argent.

Nous retrouvons le château au début du XXème siècle comme propriété de la famille Joanny qui exploitait une petite ferme du village. Le bâtiment était déjà si délabré que les Joanny n’en occupaient que le 1er étage. Les quatre frères Joanny en héritèrent à la mort de leurs parents mais se trouvèrent bientôt dans une situation financière difficile et durent le vendre vers 1935.

Les nouveaux propriétaires, les Auguy, originaires de l'Aveyron, travaillaient dans la restauration à Paris.
Le château tombait en ruine (on interdisait aux enfants d’aller y jouer) et les Auguy hésitaient à le faire restaurer. Consultés, plusieurs artisans annoncèrent des devis astronomiques pour effectuer les réparations nécessaires. Il est probable aussi que la mentalité de l’époque n’accordait pas une grande valeur à de telles « vieilleries ». En 1939, on décida donc de détruire le vieux château pour construire, un peu plus loin, une belle maison bourgeoise. Quelques Miraliers tentèrent de s'opposer au funeste projet mais Mme Auguy n'était pas femme à revenir sur ses décisions ...

Il fallut de très grandes quantités de dynamite pour faire sauter le château tant les murs étaient épais et la construction solide, on dit que la détonation s’entendit jusqu’à St Cernin. On dit aussi que le maire de Saint-Illide de l’époque, Léon Fleys, fut très affecté par cette perte (voir notre article sur Conros et ce qu'aurait pu devenir le château de La Bontat).

La maison Auguy, construite à quelques dizaines de mètres de l’emplacement du château et avec des pierres du château, est actuellement la propriété de la famille Bugue (Mme Bugue est une demoiselle Auguy, nièce des anciens propriétaires). Le reste des ruines fut "recyclé" dans la construction de bâtiments, de murs et même de pierres tombales.

Il subsiste un tableau et au moins quatre photos du château mais il est presque certain que d’autres clichés existent encore au fond des tiroirs de certains Miraliers.

On le constate, le style de l’édifice est très hétéroclite. Aux constructions primitives, probablement du XVe siècle, se sont greffés divers ajouts plus ou moins heureux.

Le donjon médian à trois étages est coiffé d’une élégante tourelle dite « en cul de lampe », il côtoie une lanterne très originale
- on en trouve une similaire au château de Conros, à Arpajon-sur-Cère, près d’Aurillac.

Les deux fenêtres du dernier étage, ainsi que celles des mansardes du corps de logis, sont très finement sculptées et moulurées. Sur la droite, une sorte de grand pavillon carré complète l’ensemble en écrasant un peu de sa masse le reste de l’édifice. On sait peu de chose de l'intérieur si ce n'est qu'il existait une chapelle ornée de fresques. Le château était entouré d'un vaste domaine composé de champs, de prés et de bois de "haute futaie" (arbres de 100 à 200 ans).

Délabré, branlant, avec ses airs de château de la fée Carabosse, le château de La Bontat avait néanmoins fière allure !!

 

Le château et ses dépendances photographiés en 1936.

Un détail de la photo précédente, probablement des membres de la famille Auguy, propriétaire du château à cette époque.

Le château et ses dépendances toujours en 1936.

Un tableau appartenant à la famille Maury
et peut-être peint d'après la photo de gauche.

La maison Auguy construite avec les pierres du château.

Cependant, vous allez le constater, malgré la dynamite et le temps, le château de La Bontat n'a pas totalement disparu ...

Les vestiges du château