Marie Reyt

Pauvre Marie Reyt ! Elle fait partie de ces Miralières courageuses dont la situation ne fut guère améliorée par la Révolution.

Nous la trouvons au début de l’année 1795 comme « fille majeure » et servante chez le citoyen Lassalle de Parieu Haut (nous avons déjà eu à faire à ce personnage un an plus tôt - cf notre article St-Illide terre d’asile). Mais, le jour de notre Dame de mars, c'est-à-dire le jour de l'Annonciation (25 mars), la citoyenne Lassalle, s’aperçoit que sa servante et son mari entretiennent des relations coupables. Marie est jetée dehors.

Elle va donc se louer chez le citoyen Apchin de Carmonte. Tout irait bien si l’insatiable Lassalle ne la poursuivait de ses assiduités jusque chez son nouveau patron. En vendémiaire (septembre/octobre), celui-ci n’y tient plus et donne à son tour son congé à Marie.

Sans domicile et sans emploi, il lui faut très vite trouver un point de chute. C’est un autre Apchin, de Veillant celui-là, qui la sollicite : Il a besoin de quelqu’un pour l’aider à couper le blé noir. Marie se met courageusement au travail mais, après trois ou quatre jours, elle s’effondre. Terrassée par la fatigue et la maladie, elle ne peut même plus se déplacer.

L’épouse de son patron, une brave femme nommée Helis Lespinat, décide de consulter l’officier de santé de Saint-Illide, le citoyen Lagoutte. Mais comment transporter Marie qui souffre à présent d’une énorme grosseur au genou gauche ? Hélis, avec l’aide de Catherine Lapié, une voisine, a l’idée d’asseoir sa servante sur le montant d’une charrue et de la transporter ainsi jusqu’au bourg.

Le citoyen Lagoutte examine le genou de la malheureuse et, sans pouvoir faire de diagnostic précis, le déclare en très mauvais état. Et puis soudain Marie, sans doute peu habituée à ce qu’on se soucie d’elle, éprouve le besoin de parler. Elle demande même à parler sous serment. Elle avoue alors être enceinte « d’environ six mois des œuvres du dit citoyen Lassalle qui l’a connue tandis qu’elle restait chez luy et même après tandis qu’elle restait chez le citoyen Apchin de Carmonte ».

Marie avait donc affronté, durant de longs mois, des travaux agricoles éreintants sans oser révéler sa grossesse …

Cette histoire dramatique dont nous ne connaissons pas l’épilogue, nous rappelle la précarité des conditions qu’ont connues les femmes de nos campagnes pendant des siècles. Comme le comprendra aussi, quelques années plus tard, la mère de Pierre Bos-Darnis, malheur à celles qui s’écartent du droit chemin ...